Il s’agit de la zone viticole la plus septentrionale de la vallée du Rhône, située juste à l’extérieur de la ville de Vienne. C’est l’un des plus anciens vignobles de France, déjà connu il y a plus de deux mille ans lorsque les Grecs d’abord, puis les Romains, célébraient les vins de la Côte Rôtie sous le nom de « vins Viennois ». Grâce aux pentes abruptes, l’implantation du vignoble représente un travail important et compliqué qui a duré plus de vingt siècles et qui se renouvelle encore. Au cours du Moyen Âge et de la Renaissance, la réputation des vins d’Ampuis s’accroît et atteint les tables de la noblesse dans toute l’Europe. Le vignoble a atteint sa superficie maximale en 1890, mais le phylloxéra et la Grande Guerre ont détruit la totalité du vignoble et empêché son renouvellement immédiat.
Histoire du vignoble
Les Vins de Côte-Rôtie sont restés un produit de niche consommé exclusivement localement, en 1971 la superficie en production n’était que d’environ 70 hectares avec une tendance à la baisse, car ces terres étaient considérées comme trop difficiles à cultiver. L’appellation est devenue mondialement célèbre dans les années 1980 grâce à Marcel Guigal et à ses vins exceptionnels produits dans les meilleurs crus d’Ampuis. Le vignoble couvre la superficie de trois communes situées sur la rive droite du Rhône : Saint-Cyr-sur-Rhône, Ampuis, Tupin-Semons. Les quelque 308 hectares en production aujourd’hui sont généralement disposés sur des terrasses granitiques très abruptes, avec des pentes allant jusqu’à 60 %, grillées, comme leur nom l’indique, par le soleil. Le climat est de type continental modéré avec des étés secs et chauds, mais avec des précipitations régulières pendant le reste de l’année.
Les différences géologiques des sols ont créé deux sous-zones renommées situées au-dessus de d’Ampuis : la « Côte brune » est la plus au nord, elle occupe 30 hectares sur des pentes vertigineuses travaillées exclusivement avec de la syrah, ses sols sont argileux et riches en oxyde de fer. Il semble que le nom ne soit pas dû aux caractéristiques du sol mais plutôt à la couleur plus intense et plus foncée des vins, qui sont virils, d’une excellente structure et concentration, avec des tanins marqués et une grande capacité de vieillissement.
Le vignoble de la « Côte blonde » s’étend plus au sud sur une quinzaine d’hectares où, outre la syrah, on cultive également le viognier. Les terrasses ont la forme d’un amphithéâtre romain, les sols sont de couleur claire, riches en silicium et granitiques à l’extrême sud de la zone. Grâce au faible pourcentage de viognier dans l’assemblage, les vins se distinguent par leur finesse et leur élégance, soutenues par une structure tannique veloutée.
La légende veut qu’au Moyen Âge, le seigneur de Maugiron ait partagé ses biens entre ses deux filles, l’une brune, l’autre blonde, ce qui devrait expliquer ces deux zones. Le cépage de référence est la syrah, un cépage qui sur les pentes raides trouve toutes les conditions nécessaires pour donner de grands vins. Il a une tendance à la production abondante, mais avec des rendements faibles, et sur des sols appropriés, il favorise les vins de grande classe. Le règlement de production donne aux viticulteurs le droit d’utiliser jusqu’à 20% de Viognier dans leurs assemblages, mais seulement 5% de la superficie est cultivée avec cette variété, donc le pourcentage possible utilisé est beaucoup plus bas. Ce cépage blanc, fondamental dans les appellations voisines de Condrieu et Château Grillet, donne des vins généreux, d’une bonne finesse et d’une faible acidité, avec des arômes de pêche, d’abricot, d’acacia, d’amande et d’épices agréables. Associé à la syrah, il confère aux vins de l’onctuosité, de la finesse et une plus grande élégance.
Dégustation et accord met et vin
Côte Rôtie désigne généralement les vins issus d’une cuvée de vins provenant de différentes parcelles ; Côte blonde ou brune désigne les vins issus de raisins provenant de ces deux zones individuelles. Seuls quelques producteurs, Marcel Guigal (Château d’Ampuis) en tête, élaborent des vins comme expression d’un seul vignoble : les produits La Mouline (Côte Blonde), La Turque (Côte Brune) et La Landonne (Côte Rozier) qui sont élevés plus de 3 ans en fûts de chêne neufs. À la dégustation, les vins de Côte Rôtie ont une couleur rubis profond ; des notes de fraises et d’épices qui évoluent, au fil des ans, vers des nuances complexes de truffe, de cuir, de fruits secs et de cacao ; structurés, d’une grande persistance aromatique avec un retour fruité et des notes de chocolat et d’épices.
Ces vins s’accompagnent très bien avec les viandes rouges saignantes (rosbeef, pigeon rôti ou encore une pièce de canard). Quand le vin pendra un peu d’âge, il s’accommodera de viandes plus relevées comme le gibier. Le fromage de chèvre ou un saint Marcellin sont aussi très bien avec le Côte rôtie.
Quelques chiffres
- Vins : rouge Superficie : 308 ha
- Cépages : syrah minimum 80%,
- viognier maximum 20%
- Rendement par hectare : 43 hl
- Production : 6800 hl